AUX STRUCTURES CONCERNÉES DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES,
AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU,
AU CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L’ONU,
AU SECRÉTARIAT DE LA COUR INTERNATIONALE DE LA HAYE,
A l’OSCE,
Les pays garants de la paix au Tadjikistan, et le groupe de contact : KAZAKHSTAN, OUZBEKISTAN, TURKMÉNISTAN, KIRGHIZISTAN, PAKISTAN, RUSSIE, IRAN ET AFGHANISTAN,
Mesdames, Messieurs,
Nous avons l’honneur de vous rappeler que la République du Tadjikistan est membre de plein droit de l’ONU depuis 1992, y compris à l’origine d’une série d’initiatives prises par la République du Tadjikistan, y compris la « Décennie de l’eau pour la vie » ou bien la proposition visant à stabiliser la situation en Afghanistan.
L’ONU a ainsi participé au processus de rétablissement de la paix au Tadjikistan, et pendant de nombreuses années a envoyé au Tadjikistan des diplomates haut-placés, ainsi que ses représentants, pour résoudre la question de la paix.
Au fil des ans, les représentants spéciaux du Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies au Tadjikistan ont été : Monsieur Leviu Bota, M. Ismat Kittani, M. Ramiro Piriz-Ballon, M. Darko Shilovitch, M. Ivo Petrov, M. Jan Kubis, M. Gerd Dietrich Merrem, M. Vladimir Sotirov, ainsi que les dirigeant des missions d’observation militaire M. Hassan Abbaza, M. Bolislav Izidorchik, M. Tengk Arifrina et M. John Wiedegard, dont le peuple tadjik se souvient pour leurs services rendus. Ces gens mentionnent encore dans leurs écrits et rapports scientifiques, ainsi que dans les conférences internationales et symposiums consacrés à la paix, l’expérience de la paix entre les citoyens adversaires du Tadjikistan, Emomali Rahmon et Said Abdullo Nuri.
Il y a quelques années Emomali Rahmon a rencontré une série de représentants participants au processus de paix tadjik, leur a remis des décorations et médailles du pays. Parmi ceux-ci il y avait Said Abdullo Nuri, aujourd’hui décédé, qui avait été décoré de l’ordre de Zarrintoj.
Cependant le but de notre appel n’est pas seulement de rappeler que la République du Tadjikistan est membre de l’ONU. Nous sommes préoccupés par ce qui s’est passé et se passe encore entre les autorités de la République du Tadjikistan et l’opposition unie après la signature de l’« Accord de paix et d’unité nationale » en 1997, sur médiation de l’Organisation des Nations Unies et des pays indiqués dans cette lettre. A savoir l’écrasement programmé, le discrédit et l’anéantissement de quelque opposition que ce soit, de la liberté de parole, et en conclusion, les atteintes systématiques et l’infraction aux droits de l’homme et du citoyen.
Le chemin pris par le gouvernement du Tadjikistan en la personne d’Emomali Rahmon est de plus en plus évident, chemin qui vise le refus de respecter les dispositions et les principes fondateurs de l’ « Accord de paix », dont le résultat a été la signature cynique du contrat « sur la paix et l’unité nationale » sous sa résolution, suite à quoi Emomali Rahmon s’est proclamé « « fondateur de la paix et de l’unité nationale ». Finalement le résultat a été la guerre, au minimum deux parties belligérantes, mais le dénommé « Accord de paix » n’a été signé que par un homme, qui par sa « décision volontaire » a mis fin aux effusions de sang. Emomali Rahmon était en effet une partie du conflit, en outre il était le leader d’une des parties. Mais maintenant il dit ouvertement qu’il voulait la paix avec l’autre partie du conflit, à savoir l’opposition unie, alors qu’il n’a rien signé avec le chef du PRIT, Said Abdullo Nuri. Dans ce cas le mystère demeure à savoir avec qui Emomali Rahmon a signé la paix. On pourrait en rire, si ces agissements n’avaient pas eu de conséquences si tragiques pour le développement du Tadjikistan.
L’ONU a examiné et introduit une série de propositions présentées par le gouvernement du Tadjikistan, cependant les autorités tadjikes n’ont pas réagi une seule fois aux propositions et demandes présentées par l’ONU au Tadjikistan.
Un exemple frappant en est le fait qu’il y a quelques années l’ONU a été informée d’un dossier sur 13 membres haut placés du PRIT, qui avaient été condamnés à d’énormes peines de prison sur des accusations fabriquées, au mépris de toutes les normes et principes possibles de la législation pénale et judiciaire. Après avoir étudié ces dossiers au pénal, ainsi que de nombreux autres, l’ONU était arrivée à la conclusion qu’ils n’étaient pas coupables et qu’ils devaient immédiatement être libérés de prison, et leur reconnaissait le droit d’être réhabilités. Malheureusement les autorités de la République du Tadjikistan ignorent purement et simplement l’exigence de l’ONU. Le même résultat a été obtenu après examen par l’ONU du dossier concernant un homme d’affaires, Zayd Saïdov et l’avocat Buzurgmehr Yorov. L’ONU a fait d’énormes efforts pour faire revenir les fugitifs qui avaient dû quitter le pays pendant la guerre civile de 1992-1997, mais malheureusement, grâce à la politique du régime de Rahmon, on assiste à un énorme flux de citoyens quittant leur pays, dépassant largement l’émigration pendant la guerre. La pauvreté flagrante, la peur de se retrouver en prison, les persécutions et les tortures pour avoir exprimé son avis forcent ces gens à quitter leur pays. La terreur d’état a atteint un tel niveau que les prisons sont surpeuplées. Par exemple, uniquement pour les représentants de la famille de Said Abdullo Nuri, environ 10 personnes sont condamnées à de lourdes peines de prison, de 8 à 23 ans, sur des dossiers montés de toutes pièces.
Quelques-uns des membres de sa famille, y compris la femme et les enfants de S.A. Nuri, ont quitté le Tadjikistan et vivent comme réfugiés dans d’autres pays. Les membres de la famille de Nuri qui sont restés au Tadjikistan ont interdiction de travailler et même de faire du commerce. Ils sont constamment l’objet de pressions et de persécutions. Il y a quelques années le neveu du défunt S.A. Nuri, Nusratullo Saidov, a été arrêté, accusé d’avoir commis un crime, on l’a accusé d’avoir collaboré avec l’État Islamique, il a été arrêté et emprisonné. Par la suite il a été reconnu innocent. Si quelques années auparavant les autorités de la République du Tadjikistan fabriquaient des accusations pénales contre les membres de la famille de Said Nuri, « en lien avec de la complicité pour l’État Islamique », aujourd’hui ils sont accusés de « recevoir de l’argent de l’étranger ». Rappelons qu’au Tadjikistan presque 80% des familles reçoivent de l’argent de l’étranger, parce que des millions de tadjiks, suite au manque de travail et à la misère endémique de la population, sont obligés de travailler à l’étranger et d’envoyer depuis l’étranger de l’argent à leur famille.
Rien qu’en février et mars 2022, trois membres de la famille de Said Abdullo Nuri ont été arrêtés, et attendent leur condamnation : Nusratullo Saidov, Mukhibullo Nuriddinov et Nurullo Saidov, qui sont accusé d’avoir reçu de l’argent de l’étranger. Mais la pression de la part des autorités ne s’arrête pas là, elle ne fait qu’augmenter. C’est ainsi que les femmes de la famille de Said Abdullo Nuri également sont constamment amenées de force à la police, elles sont soumises à des interrogatoires de plusieurs heures. Les persécutions des membres de la famille du défunt opposant se sont renforcées après l’élection du fils de Said Abdullo Nuri, Muhammadjon Nuri au poste de vice-président du Comité Civil des Prisonniers Politiques du Tadjikistan, qui vit à l’heure actuelle hors du Tadjikistan, en France.
Il est également préoccupant de constater le nombre sans précédent de personnes enrôlées par les services spéciaux de la République du Tadjikistan, qui sont envoyées dans les pays occidentaux pour faire la chasse aux réfugiés et aux critiques du régime du Tadjikistan. Ce sont en général des étudiants selon des quotas gouvernementaux, qui sous le prétexte de fêter le Navruz, la Journée du Drapeau, la Journée du Président etc se rendent dans les ambassades et les consulats de la République du Tadjikistan, et transmettent les renseignements reçus sur les réfugiés. Ils dénoncent ainsi les critiquent du régime de Rahmon qui vivent en Europe, dans le but de leur faire du chantage, menaçant les membres des familles des réfugiés qui sont restés au Tadjikistan, où on les menace de tortures, d’humiliations et de lourdes peines de prison.
Suite aux terribles évènements qui se déroulent en Ukraine, qui subit l’agression de la Russie, une vague de réfugiés est arrivée en Europe en provenance d’Ukraine, parmi eux de nombreux étudiants du Tadjikistan qui collaborent ouvertement avec le Comité de Sûreté Nationale du Tadjikistan, ce que nombre d’entre eux a écrit sur sa page Facebook
Nous voulons par le présent courrier amener à la connaissance de l’ONU, des comités correspondants de l’ONU, des organisations et des pays indiqués en-tête de ce courrier, que la situation au Tadjikistan n’a pas perdu de son actualité, suite aux derniers évènements dans le monde, et au contraire qu’elle reste à l’ordre du jour. L’Organisation des Nations Unies doit contrôler avec soin l’exécution de chacune de ses directives, et de ses propositions aux autorités du Tadjikistan, en ce qui concerne l’infraction aux droits de l’homme, et exiger plus fermement, et en cas de besoin mettre le gouvernement du Tadjikistan devant ses responsabilités.
L’exemple de la Russie démontre de façon évidente que les régimes dictatoriaux ne sont jamais rassasiés de la vie et du sang du peuple, et il est naïf et même criminel de croire qu’ils vont s’en tenir aux règles et normes générales, si on ne nomme pas les choses par leur nom et si on ne dit pas ce qu’ils ont commis, et si on ne porte pas envers leurs actes une critique sévère.
Étant donnée la situation actuelle, qui empire de jour en jour, nous exigeons, avec l’intervention de l’Organisation des Nations Unies et des pays participants à l’Accord de paix entre les tadjiks, la création d’une commission pour étudier la situation des prisonniers et les motifs de leur emprisonnement. En premier lieu pour ceux dont l’innocence a été confirmée par l’Organisation des Nations Unies, dans le but d’obtenir la libération des innocents, grâce à l’intervention décisive des pays et organisations garantes.
Cordialement
Boboev Abdusattor, Président du Comité Civil de Défense des Prisonniers Politiques du Tadjikistan
Le 06-05-2022
Varsovie, Pologne
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